jeudi 30 novembre 2017

L'allégorie du Nez de Clown

Est-ce qu'on peut s'ennuyer de son propre fou rire? Parce que c'est ce qui se passe avec moi... Irréductible du rire depuis que je suis petite, tombée dedans comme Obélix... J'ai toujours pensé que si j'avais ça, je passerai à travers tout, c'était une idée fixe... Brandissant mon nez de clown rouge et brillant... Et puis un jour, il s'est mis à ternir lentement...

Doucement, de fous rires en faux rires...

Les pleurs sous la douche, mais ça ne compte pas, c'est le savon dans les yeux... C'est si facile de se bercer d'illusions... On se secoue un peu, on passe à l'eau froide et on continue... même là, tu vois, je passe du je au on, je me sors de l'équation...  J'ai balayé tout ça dans un revers de la main trop têtue...

Et au fur et à mesure que je repousse, c'est mon ombre qui pousse...

Je réajuste mon maquillage un peu plus souvent et je remets mon nez de clown... Après tout, c'est ce que je fais de mieux... Faire sourire, faire rire... Ça me fait oublier, ça me fait dire que ce n'est rien... Le Clown fait son tour de piste...

Jouer la comédie n'est plus un passe-temps, ça devient un jeu constant...

Ça ne prenait pas un devin pour le voir venir... J'ai d'abord joué la carte de déni et j'ai perdu... Cette  bête qui attendait patiemment de tout obscurcir... Elle est là en moi et réclame maintenant son dû...
Le Clown est triste...

À bout de résistance, à bout de résilience...

J'ai l'impression d'être dépossédée de ma seule conviction... Vidée impunément de mon essence...  Privée de toute dérision... Sans mon rire, plus rien ne me fait de sens...
Le Clown s'isole...

Ce que tu prends pour de l'attitude, c'est de la lassitude...

Elle a attendu patiemment un mardi matin pour m'avaler... Je l'ai sentie au plus profond de ma chair... Tout venait finalement de s'effondrer... En essuyant la buée sur le miroir, j'ai dévisagé une étrangère...
Le Clown se désole...

Sournoisement de pression, on passe à dépression...

Elle fait tourner mon nez entre ses griffes avec insolence... Elle arbore avec cruauté mon evil smile... Elle est là pour me déchirer en lambeaux avec violence... Elle n'a qu'une intention, faire mal...
Le Clown pleure...

La Bête et moi on se toise, mon Clown prend des airs de Pennywise...

Elle chuchote à mon oreille la liste de mes insécurités... Trop heureuse de me rendre paranoïaque... Elle fait sortir un à un mes démons de leur obscurité... Elle danse avec eux et attend que je craque...
Le Clown fait peur...

Plus je me débats, plus ses coups sont bas...

Elle se réjouit de me montrer tous ceux qui m'ont désertée... Elle biaise les intentions de ceux qui veulent être là... Elle me fait perdre foi en l'humanité... Elle me fait perdre confiance en moi...
Le Clown refoule...

Plus je crie, plus la Bête rit...

La vérité étant qu'elle était là pour me détruire... Pour me montrer le côté sombre des choses...
La réalité étant qu'elle veut que j'arrête de fuir... Que je la regarde en face et que j'expose...
Le Clown s'écroule...

Tout ne tient plus qu'à un fil, la Bête jubile...

Je lui ai craché au visage, je lui dis "Prends tout"... Fais de moi des décombres, brûle-moi avec tes maux... De toute façon, je m'en fous... Je suis loin d'avoir dit mon dernier mot...
Le Clown refuse...

J'ai lancé l'assaut, la Bête n'aura pas ma peau...

Je me suis relevée et me suis ruée sur elle... J'ai crié à pleins poumons "Écorche-moi, mets-moi à bout"... Il me restera toujours cette étincelle... Je vais te répondre à grands coups de Fuck you...
Le Clown pète une fuse...

Cette fois la Bête recule... Je vais péter sa bulle...

La dépression ne prend pas toujours des airs de fatalité... Ça ne rend pas le processus moins intense... Elle ne volera jamais toute ma volonté... En attendant, je te demande un peu d'indulgence...
Le Clown se réinvente...

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